Concours d’écriture sur le voyage responsable : Le récit de Maloe

Concours d’écriture sur le voyage responsable : Le récit de Maloe


Plus de 500 enfants de la communauté HomeExchange ont participé à notre concours d’écriture sur le voyage responsable. Nous avons été émerveillés par l’imagination et la créativité de nos écrivain·es en herbe. Après un choix difficile, nous avons sélectionné les 30 meilleurs récits pour en faire un recueil.

Découvrir le recueil

Afin de continuer à mettre en lumière ces magnifiques histoires, nous avons décidé de publier une série de 5 articles présentant les récits qui nous ont le plus touchés. Aujourd’hui, nous vous présentons le récit de Maloe, grand gagnante du défi “Le tour du monde en 80 kg de CO2”.

Le tour du monde en 80 kg de CO2 – Maloe, 5e

Victor lit, installé sur le canapé du salon.

« Qu’est-ce que tu lis ? demande Paul à son grand frère Victor.

– La maîtresse nous a demandé de lire Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Un sacré pari !

– Faire le tour du monde en 80 jours ? Trop facile ! s’exclame Paul.

– Aujourd’hui, peut-être, mais au 19e siècle, c’était plus compliqué ! Phileas Fogg n’avait pas de voiture, il ne prenait pas l’avion… » Un éclair de génie fait soudain briller les yeux de Victor qui s’écrie : « Mais oui, c’est ça ! Maman, Papa, Paul ! Écoutez-moi, cet été nous serons les Phileas Fogg des temps modernes ! Un tour du monde sans essence, ni kérosène ! On relève le défi ?

– C’est une bonne idée mais… répond la mère de Victor un peu gênée.

– C’est que nous avions prévu autre chose, reprend son père. C’était normalement une surprise…

– C’est quoi la surprise ? demanda Paul.

– Nous voulions partir en Amérique pour voyager un peu et nous avons déjà acheté tous les billets d’avion et les transports, dévoile sa mère.

– Eh bien ce n’est pas grave ! Nous allons annuler les achats et nous allons transformer tous les moyens de transports par des moyens plus écologiques.

– Mais ça sera beaucoup plus long ! s’exclame maman.

– Oui, mais nous serons fiers de nous et puis il y aura plus d’aventure !

– C’est vrai que ce serait plus drôle, Moi je suis pour ! s’exclame le père.

– Moi aussi ! dit Paul alors qu’il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Seule leur mère était mitigée à cette idée de voyage écologique. Bien sûr, ce n’était pas l’idée écologique qui la dérangeait ni le voyage qui durerait plus longtemps, mais plutôt le côté aventure car pour elle le mot « aventure » s’associait au mot « danger ». Pendant plusieurs jours, son mari essaya de la convaincre jusqu’à ce qu’elle dise enfin oui. C’était Paul qui avait réussi à la convaincre en lui faisant prendre conscience que la terre « fondait comme du fromage à raclette » à cause des humains et des avions, la réflexion l’avait fait rire. Le jour du grand départ, toute la famille était excitée à l’exception de la mère. Ils partirent de la gare de Pornichet pour prendre un train jusqu’à Concarneau où ils firent une rencontre totalement inattendue en cherchant une personne qui pourrait les aider à traverser l’océan Atlantique :

– Bonjour, excusez-moi de vous déranger, mais nous aimerions savoir si vous auriez un moyen de transport totalement écologique pour aller en Amérique ? demanda le père.

L’homme rigola et dit :

– Je crois que vous vous êtes adressé à la bonne personne. Je m’appelle Corentin De Chatelperron et j’ai récemment construit un bateau « Gold of Bengal », le premier bateau au monde réalisé à 100 % en toile de jute, grâce à un composite renforcé de fibres naturelles ! raconte-t-il fièrement. Allez venez, je vous emmène au « low-tech lab ». Toute la famille le suivit. Paul demanda ce que c’était l’« eau-tecklab ». Toute la famille rigola. Arrivés, ils virent un grand bateau en toile de jute, comme l’avait dit Corentin.Ils leur proposèrent de s’asseoir pour qu’ils planifient ensemble la traversée. Deux jours plus tard, le bateau était à quai.

Il ne demandait qu’à partir. Une heure plus tard, la famille avait pris place à bord, en compagnie de Corentin. Le voilier en toile de jute avançait déjà vite avec le vent. À bord, c’était omelette tous les matins avec les œufs de Georgette et Jacqueline, les deux poules du bateau. Il y avait les radis et les pommes de terre cultivés également à l’arrière du bateau. La traversée fut longue et assez rude car notre bateau en toile de jute n’est pas un bateau de course. Un mois plus tard, les navigateurs commencèrent à voir de la terre. Quand ils arrivèrent à Belém, Corentin leur demanda :

– Qu’avez-vous prévu de faire ici ?

– Nous allons visiter bien sûr, répondit la mère avant même que les autres aient réfléchi.

– Eh bien, je vous souhaite une belle exploration, de belles découvertes et rencontres ! Et puis surtout… rappelez-moi si besoin car j’ai vraiment beaucoup aimé cette traversée.

– Oui merci beaucoup monsieur de Chatelperron c’était trop bien ! lança Victor.

– Oui c’est vrai que j’ai bien aimé, un peu long mais ça va, renchérit le père.

– Eh bien tant mieux si ça vous a plu… bon, il faut que j’y aille, mon bateau ne va quand même pas repartir tout seul, rigola Corentin.

– Au revoir Corentin et merci beaucoup, lança toute la petite famille. Pendant toute l’après-midi, ils visitèrent Belém avant d’arriver devant de gros bidons que des personnes jetaient à la poubelle. Soudain, Victor s’écria :

– Non, ne les jetez pas !

– Mais, calme-toi Victor, lui cria son père.

– Mais nous pourrions construire un radeau à partir de ces bidons pour descendre un fleuve.

– Mais lequel, nous n’avons rien prévu… veux-tu te calmer un peu !

– Prenons-les, on ne sait jamais !

– OK, lança sa mère, prenons-les et puis au pire nous les jetterons.

– Merci maman, merci, merci, merci ! cria Victor, les deux mains jointes Le père s’avança devant les bidons et sortit son meilleur anglais :

– Excuse me please, can we take this bidon ? Le pauvre, le monsieur ne comprenait rien et demanda :

– Sorry, I don’t understand, can you repeat please ? demanda le Belémien. Le père se lança dans des gestes et des paroles incompréhensibles mais se fit tout de même comprendre :

– Yes, of course if you really want them.

– Thank you very much, man. Et il repartit fier de lui. Il dit à son fils :

– Les voilà tes bidons, donc on en fait quoi maintenant ?

– Allons manger pour en discuter ! Le père lança un regard noir à son fils qui, lui, s’en fichait et partit. Pendant le repas, trois jeunes adultes passèrent près de la table de pique-nique qu’ils avaient choisie et entendirent :

– Excusez-nous, nous venons de voir vos bidons et nous serions intéressés si vous ne les utilisez pas, dit l’un des deux.

– Nous avons prévu de descendre le fleuve Tocantins. Nous avons besoin de bidons comme ceux-là pour faire flotter notre radeau, ajouta l’autre.

– Comment vous appelez-vous ? demanda le père.

– Désolé… nous nous appelons Morgan et Siphay, nous faisons un tour du monde en vélo et nous voulons descendre l’Amazonie.

– Cela tombe bien car nous aussi nous voulions faire un radeau, raconte Victor avant que la famille se soit mise d’accord.

– Unissons nos forces ! Venez, nos bambous sont prêts à être accrochés, dit Morgan.

– C’est parti ! Deux heures plus tard, la famille et les deux aventuriers étaient à bord du radeau. C’était Siphay et la mère de Victor, qui s’était finalement prise au jeu, qui avaient pris les rames. La traversée fut contemplative Le soir, arrivait le meilleur moment pour Victor : l’heure du « cherche et trouve »… quoi ? Un bivouac, pardi ! Cette immersion dans la nature luxuriante apaisa la petite famille. La richesse, la force et l’énergie des éléments les firent également beaucoup réfléchir. Sans compter cette solidarité humaine, apprendre à se connaître, avancer ensemble, avec chacun ses forces tant physiques que mentales. Arrivés à Brasilia au bout d’une semaine de voyage, les équipes se séparèrent :

– C’est ici que nos chemins se séparent, dit Siphay.

– C’était avec plaisir ! répondit la mère. À Brasilia, Victor se demandait comment ils allaient rejoindre l’Australie. C’est là que leur maman intervint :

– J’ai un vieil ami qui travaille sur le projet « Solar Impulse », l’avion à 100 % solaire. C’est le premier avion à avoir effectué en 2016 un tour du monde, sans carburant, ni émission polluante, uniquement grâce à l’énergie solaire. Un périple de 43 041 km réalisé en 17 étapes, afin de changer de pilote.

– Absolument incroyable ! s’exclaffèrent les trois intéressés.

– Regardons où il se trouve et qui sait, peut-être pourrons-nous y prendre place, suggéra la mère, déjà surexcitée à cette idée. Toute la famille était super contente. Avec cette aventure, ils progressaient. La chance fut de leur côté. Il leur fallut attendre une dizaine de jours, le temps que le « Solar Impulse » se pose à Brasilia. Puis il fallait attendre, de nouveau, patiemment, une fenêtre météo pour tenter une traversée jusqu’en Australie.

Le jour du départ, l’excitation était à son comble Prévision : 24h de vol à la puissance du soleil !

– Mesdames et messieurs, nous allons débuter notre descente, profitez-en pour découvrir la Terre vue du ciel et vous laisser subjuguer par tant de beauté ! Une fois atterri, les « Au revoir » furent chaleureux. Ils étaient reconnaissants de cette expérience hors du commun, qui sera peut-être l’avenir. De là, dans un pays si étendu, ils s’étaient mis d’accord pour poursuivre à char à voile sur les plages du continent. Ils allèrent à la rencontre des gens en leur demandant s’ils connaissaient un loueur de char à voile :

– Hello, I’m looking for a sand yacht rental shop?

– Sorry, I don’t understand… et il partit sans autre chose. La famille marcha une bonne heure avant de tomber sur un loueur de char à voile. Elle réussit à expliquer au vendeur qu’elle souhaiterait deux chars à voile pour une semaine. Victor embarqua avec sa mère et Paul avec son père, leurs bagages empilés à l’arrière. Ils furent surpris des pointes de vitesse à 60 km/h qu’ils pouvaient atteindre. Au ras du sol, cela donne vite des sensations et nécessite une certaine maîtrise du bolide. Cheveux au vent de la liberté, ils enfilent les kilomètres vers l’Ouest. Le soir, la famille dormait dans des aires naturelles en libre-service. Les couchages étaient logés dans de minuscules cabanes sur pilotis et en forme de poulailler. Elles étaient elles-mêmes fabriquées à partir de matériaux 100 % recyclés. Leur objectif était d’atteindre Perth, ville avec un port renommé d’Albatros. De là, ils partiraient chacun sur le sien avec des ailes plus ou moins longues pour une nouvelle traversée de l’Océan Indien afin de rejoindre Johannesburg en Afrique du Sud. Une fois là-bas, ils visaient une remontée de l’Afrique via un événement majeur sur le continent : le Dromadary Trophy !

– Et si nous y participions ? Inscrivons-nous, ça va être super drôle ! dit Victor.

– Tu ne nous laisses pas trop le choix, dit son père.

– Je n’ai jamais été très à l’aise sur les chevaux alors sur des dromadaires, ne m’en parle pas ! Victor était déjà parti s’inscrire auprès du monsieur :

– Hello, can I participate with my family at the Dromadary Trophy ?

– Yes of course, how many are you ? demanda l’organisateur.

– We are 2 children and 2 parents.

– OK, you will be 2 per dromadary.

– OK, thank you ! termina Victor. Le jour du départ, la petite famille e divisa en deux groupes, chacun prit place sur son dromadaire. Il ne restait plus qu’une minute avant le départ… 3, 2, 1, let’s go ! Tous les dromadaires partirent en même temps, du ciel un beau troupeau au milieu de la poussière ! Chacun son caractère et son intelligence avec les animaux, voilà qui ferait la différence pour cette longue remontée vers Tanger, au Maroc, en face de Gibraltar. Une fois arrivés, ils firent le constat que leurs deux précédents voyages avec des animaux leur avaient beaucoup plu. À Tanger, on leur évoqua les « dauphins-sous-marins ». Encore une découverte alléchante, qu’ils ne tardèrent pas à envisager. C’est parti pour une sortie du détroit de Gibraltar, une remontée des côtes portugaises et la traversée du golfe de Gascogne, pour une arrivée au petit port de charme de Pornichet. Ils se sentaient alors heureux de rentrer et tristes en même temps de terminer cette aventure. Arrivés chez eux, c’est l’heure du débriefing. Victor dit :

– Alors vous avez bien aimé vous transformer en Phileas Fogg des temps modernes, avouez que c’était plutôt fun, non ?

– C’est vrai que ce n’était pas une si mauvaise idée, dit maman. Nous sommes sortis des sentiers battus comme on dit.

– C’était trop bien, sauf le roller, se plaignit Paul.

– Tu vois Victor, ce n’est pas si simple le tour du monde en 80 jours, nous avons mis environ 90 jours, c’est pas mal !

– C’est vrai, avoua Paul, mais c’était très drôle ! Toute la soirée, ils reparlèrent de leurs péripéties. Paul, épuisé par la fatigue, s’endormit la tête dans sa purée et Victor était sur le point de faire de même. Les 80 kg de CO2 ont finalement été épargnés. En un sens, la famille en aura fait don à la Terre. Un voyage inconfortable, plein de remises en question et de réflexions… mais en jouant avec les forces de la nature et par ses actes, cette famille d’éclaireurs ouvre la porte à d’autres aventures toujours plus respectueuses de notre grande maison qu’est la planète Terre !

Fin

Maloe, 5e

Pourquoi ce concours d’écriture ?

Le tourisme représente environ 11% des émissions de carbone de la France*. En tant qu’acteur du tourisme et entreprise engagée du secteur, nous avons un rôle à jouer pour faire changer les imaginaires autour du voyage. Ce thème a pour but de créer des moments de discussion et de partage autour d’un voyage extraordinaire : un voyage sur les rails, en vélo, ou encore à dos de licorne !

*(Source : Ademe)



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